Comprendre le PER individuel : un outil incontournable pour préparer sa retraite

Depuis sa création par la loi PACTE en 2019, le Plan d’Épargne Retraite Individuel (PERIN) est devenu l’un des principaux outils de préparation à la retraite. Il remplace progressivement les anciens dispositifs comme le PERP ou le contrat Madelin et s’adresse aussi bien aux salariés qu’aux indépendants ainsi qu’aux inactifs souhaitant se constituer un complément de revenu pour leur retraite. Il existe deux formes juridiques distinctes du PER à savoir le PER assurance qui est souscrit auprès d’un assureur et le PER compte-titres, dit « PER bancaire » ou « PER d’investissement », qui quant à lui est proposé par une société de gestion ou un établissement bancaire. Le PER d’assurance permet notamment de bénéficier d’un fonds en euros sécurisé alors que le PER d’investissement donnera accès à un univers de gestion plus large mais sans garantie en capital.

Quel que soit le support choisi, le PER individuel repose sur les mêmes grands principes : des versements volontaires déductibles des revenus, une épargne bloquée jusqu’à la retraite (sauf cas exceptionnels), une fiscalité optimisée et des possibilités de sortie flexibles.

Une fiscalité attractive et encadrée par le plafond de déduction

L’un des grands avantages du PER individuel est la possibilité de déduire les versements volontaires de son revenu imposable dans la limite d’un plafond annuel. Ce plafond est défini chaque année par l’administration fiscale sur la base du Plafond Annuel de la Sécurité Sociale (PASS) qui pour information est fixé à 47 100€ en 2025 et était fixé à 46 368€ en 2024.

Pour cette année 2025, le plafond maximal pour les salariés correspond à 10% des revenus professionnels de l’année précédente avec un minimum de 4 637€ et un maximum de 37 094€. Pour l’année 2026, la déduction maximale s’élèvera à 10% des revenus professionnels de l’année 2025, avec un minimum de 4 710€ et un maximum de 37 680€, soit 10% de 8 PASS 2025.

Pour les travailleurs non-salariés (TNS), deux options de plafond sont disponibles. Le plafond du “salarié” identique à celui décrit au-dessus et un autre plafond spécifique aux TNS. Concernant ce plafond spécifique aux TNS, en 2025, il s’établit à 10% des bénéfices imposables dans la limite de 8 PASS, soit 37 094€, auxquels s’ajoutent 15% supplémentaires sur la fraction comprise entre 1 et 8 PASS. Là encore, les plafonds sont calculés sur la base des revenus N-1 et du PASS N-1. Par habitude, ce plafond est toujours appelé “plafond Madelin” même si les anciens contrats Madelin sont aujourd’hui fermés à la souscription. Il est transférable vers un PER qui en reprend la logique de déduction.

À noter que chaque membre d’un couple marié ou pacsé peut bénéficier de son propre plafond de déduction que l’on soit salarié ou non-salarié. Il est donc possible de mutualiser les plafonds du foyer fiscal pour optimiser la déduction tout en gardant un PER distinct par personne.

Une sortie souple mais fiscalement encadrée

L’épargne placée sur un PER individuel reste bloquée jusqu’à l’âge de la retraite mais la sortie peut se faire soit en capital, soit en rente viagère ou encore en combinant les deux. En cas de sortie en capital, la fiscalité dépend du choix opéré lors des versements.

Si les versements ont été déduits des revenus imposables alors le capital récupéré est imposé selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu après réintégration du montant retiré. Les gains générés sont quant à eux soumis aux prélèvements sociaux au taux de 17,2%.

En revanche, si les versements n’ont pas été déduits alors seule la part correspondant aux plus-values est soumise à la flat tax (aussi appelée PFU : Prélèvement Forfaitaire Unique) de 30% c’est-à-dire, 12,8% d’impôt auxquels on ajoute 17,2% de prélèvements sociaux, tandis que le capital versé quant à lui est exonéré.

En cas de sortie en rente viagère, les revenus perçus sont imposés comme des pensions de retraite selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu et après un abattement de 10%. Les prélèvements sociaux sont également dus sur la rente à hauteur de 10,1% en 2025 (CSG, CRDS et CASA). Si la rente provient de versements non déduits (cas moins fréquent), la fiscalité est différente et dépend du régime des rentes viagères à titre onéreux.

Les cas de déblocage anticipé et leur fiscalité

Même si le PER est conçu comme une enveloppe retraite, il existe plusieurs cas permettant un déblocage anticipé. Parmi eux, on va pouvoir retrouver l’acquisition de la résidence principale, le décès du conjoint, l’invalidité du titulaire ou de ses proches, la fin des droits au chômage ou encore le surendettement.

Dans le cas de l’acquisition de la résidence principale, le capital est imposé selon le même régime que celui appliqué en cas de sortie à la retraite. Si les versements ont été déduits alors le capital est réintégré au revenu imposable et les gains sont soumis aux prélèvements sociaux. Si les versements n’ont pas été déduits, seul le gain est imposé à la flat tax.

Pour les autres cas de déblocage anticipé (invalidité, décès, chômage, etc), la sortie est exonérée d’impôt sur le revenu et seuls les gains sont soumis aux prélèvements sociaux de 17,2%.

Ces déblocages anticipés ne ferment pas l’enveloppe : le PER reste ouvert et le titulaire peut y effectuer de nouveaux versements ou continuer à le gérer jusqu’à la retraite.

Une gestion pilotée par défaut

L’épargne placée sur un PERIN est gérée par défaut selon un mode dit « piloté » qui adapte automatiquement la répartition entre actifs dynamiques (actions) et sécurisés (obligations, fonds en euros) en fonction de l’âge de l’épargnant. Plus on s’approche de la retraite et plus l’épargne est sécurisée.

Il est toutefois possible d’opter pour une gestion libre et ainsi choisir soi-même ou par l’intermédiaire de votre conseiller, la répartition entre les différents supports (fonds en euros, unités de compte, etc). Le PERIN étant un produit à long terme, il peut être judicieux d’adopter une allocation dynamique dans les premières années.

Un contrat accessible à tous les profils

Le PERIN est un produit individuel, souscrit librement y compris par les personnes sans activité professionnelle. Il peut être ouvert auprès d’un assureur, d’une banque ou d’une mutuelle. Chaque épargnant peut y verser à son rythme en fonction de sa capacité d’épargne et ajuster au fil des années.

Certaines offres intègrent des frais plus ou moins compétitifs. Il est donc essentiel de comparer les contrats : frais d’entrée, de gestion, d’arbitrage et frais sur les unités de compte.

Un outil intéressant pour transmettre

En cas de décès avant le départ à la retraite, le capital épargné sur le PER est transmis aux bénéficiaires désignés. La fiscalité applicable dépend alors de l’âge de l’assuré au moment de son décès. Si celui-ci survient avant 70 ans, les sommes transmises bénéficient d’un abattement de 152 500€ par bénéficiaire comme en assurance-vie. Après 70 ans, un abattement global de 30 500€ s’applique sur l’ensemble des bénéficiaires.

Ce régime successoral avantageux renforce l’intérêt du PER comme outil patrimonial à condition d’en maîtriser les règles de désignation de bénéficiaires.

Le PER individuel est donc un outil puissant pour préparer sa retraite, optimiser sa fiscalité et diversifier son épargne à long terme. Il nécessite néanmoins une vraie stratégie, notamment sur le choix de la fiscalité à l’entrée, la répartition des supports d’investissement et l’anticipation de la sortie. Comme toujours, un bilan patrimonial et un suivi effectués par un conseiller compétent est recommandé pour évaluer l’adéquation de ce produit à votre situation personnelle ainsi qu’à vos projets.

Attention : cet article ne constitue pas un conseil en investissement personnalisé. Chaque situation patrimoniale étant unique, il est indispensable de vous faire accompagner par un professionnel qualifié avant toute prise de décision.