Le Plan d’Épargne Retraite s’est imposé comme l’un des piliers de l’optimisation fiscale et de la préparation de la retraite. Pourtant, derrière l’acronyme PER se cachent deux grandes familles de contrats qui fonctionnent de manière radicalement différente : le PER d’assurance et le PER d’investissement.
Ce que beaucoup d’épargnants ignorent encore, c’est que choisir le mauvais PER peut avoir des conséquences financières lourdes pendant 20 ou 30 ans. Des frais invisibles qui rongent la performance, une gestion inadaptée au profil, un mauvais choix de supports ou encore une clause bénéficiaire mal rédigée peuvent coûter des dizaines de milliers d’euros à la retraite ou au moment de la transmission. Dans certains cas, la fiscalité au décès peut même amputer le capital transmis de près de 45 %.
En 2025 et 2026, dans un contexte de taux encore instables, de marchés financiers volatils et de pression fiscale toujours élevée, le choix entre un PER d’assurance et un PER d’investissement est loin d’être anodin. Il conditionne la performance de votre épargne, la maîtrise de votre fiscalité future mais aussi la protection de vos proches. Comprendre leurs différences est indispensable et les adapter précisément à votre situation nécessite devient une nécessité.
Le PER : un cadre commun, deux natures juridiques très différentes
Le PER repose sur un socle réglementaire identique, quel que soit le type de contrat. Les versements volontaires peuvent être déduits du revenu imposable, dans les plafonds légaux en vigueur. L’épargne est en principe bloquée jusqu’à l’âge de la retraite, sauf cas de déblocage anticipé prévus par la loi, notamment pour l’acquisition de la résidence principale. À la sortie, les sommes issues des versements déduits sont imposées, selon des modalités qui dépendent du mode de sortie choisi.
Derrière ce cadre commun, la nature juridique du contrat diffère profondément. Le PER d’assurance est un contrat d’assurance sur la vie dédié à la retraite, avec un support en unités de compte et souvent un fonds en euros. Il est porté par une compagnie d’assurance. Le PER d’investissement, quant à lui, est un compte-titres logé dans une enveloppe retraite, géré par un établissement bancaire ou un prestataire de services d’investissement. Cette distinction structurelle entraîne des conséquences majeures en matière de gestion, de frais, de fiscalité successorale et de liberté d’investissement.
Le PER d’assurance : sécurité juridique et outils patrimoniaux avancés
Le PER d’assurance séduit avant tout par son cadre assurantiel. Il bénéficie de mécanismes de protection spécifiques, comme la possibilité de désigner des bénéficiaires en cas de décès et un régime successoral souvent plus favorable que celui du droit commun. En cas de décès avant la retraite, les sommes sont transmises selon la clause bénéficiaire, hors succession dans certaines limites, comme en assurance vie. Cela en fait un outil particulièrement pertinent pour la préparation de la retraite couplée à une stratégie de transmission.
Sur le plan de la gestion, le PER d’assurance permet d’accéder à une large gamme de supports : fonds en euros sécurisés, unités de compte investies en immobilier, en obligations ou en actions, supports diversifiés, mandats de gestion pilotée. La gestion à horizon, souvent proposée par défaut, ajuste automatiquement le niveau de risque à l’approche de la retraite, ce qui peut convenir aux épargnants qui souhaitent déléguer le pilotage de leur épargne.
En contrepartie, les frais sont généralement plus élevés. On retrouve des frais sur versement, des frais de gestion annuels sur les unités de compte et parfois des frais d’arbitrage. Sur le long terme, ces coûts peuvent peser significativement sur la performance réelle du contrat.
En 2025, le retour progressif de la performance de certains fonds en euros redonne de l’intérêt à ce type de contrat. Attention toutefois : tous les fonds en euros ne se valent pas. Les écarts de rendement entre les meilleurs et les plus médiocres peuvent dépasser 2 points par an. L’accès aux fonds les plus performants est très souvent réservé aux contrats distribués par des réseaux spécialisés et des conseillers indépendants et non via les offres bancaires grand public.
Le PER d’investissement : liberté maximale et frais réduits
Le PER d’investissement fonctionne comme un compte-titres classique logé dans une enveloppe fiscale retraite. Il permet d’investir directement en actions, obligations, ETF, fonds indiciels ou OPCVM, sans passer par l’intermédiation d’un contrat d’assurance. Cette architecture offre une grande liberté de choix dans les supports.
Les frais sont en général nettement plus faibles que dans un PER d’assurance. Il n’y a pas de frais sur versement, seulement des frais de courtage et parfois des droits de garde. Pour un investisseur à long terme, cette différence de coûts peut générer plusieurs milliers d’euros d’écart au moment de la retraite.
En revanche, le PER d’investissement ne bénéficie pas du cadre successoral de l’assurance vie. En cas de décès, les titres intègrent l’actif successoral classique. La transmission est donc fiscalement moins optimisée. De plus, il n’existe pas de fonds en euros garantis. L’épargne est exposée aux fluctuations des marchés financiers, ce qui suppose une réelle capacité à accepter la volatilité et à piloter son allocation.
Performance, risques et horizon de placement : une question de profil
Le choix entre PER d’assurance et PER d’investissement dépend d’abord du profil de l’épargnant. Un investisseur jeune, à l’aise avec les marchés financiers, capable de supporter de fortes variations de valorisation et souhaitant maximiser la performance à long terme, s’orientera souvent vers le PER d’investissement. La liberté d’allocation et les frais réduits jouent pleinement en faveur de la performance nette.
À l’inverse, un épargnant plus prudent, attaché à la sécurisation progressive de son capital et sensible aux enjeux de transmission privilégiera généralement le PER d’assurance. Le fonds en euros, même moins rémunérateur qu’autrefois, apporte une stabilité juridique et financière précieuse à l’approche de la retraite.
L’horizon de placement est également déterminant. Plus la retraite est éloignée, plus le PER d’investissement peut s’avérer pertinent. À l’inverse, à quelques années de l’âge légal de départ, un dispositif assurantiel permettant de sécuriser progressivement l’épargne prend tout son sens.
La fiscalité à l’entrée et à la sortie : identique en apparence, différente dans les faits
Sur le plan fiscal, les deux types de PER obéissent aux mêmes règles à l’entrée. Les versements volontaires peuvent être déduits du revenu imposable dans la limite des plafonds légaux. Cette déduction est particulièrement intéressante pour les contribuables fortement imposés et pour les dirigeants d’entreprise.
À la sortie, en cas de récupération du capital, la part correspondant aux versements déduits est soumise au barème de l’impôt sur le revenu, tandis que la part correspondant aux gains est soumise aux prélèvements sociaux. En cas de sortie sous forme de rente, celle-ci est également imposée selon un régime spécifique.
La différence majeure réside surtout dans la gestion fiscale en cas de décès. Le PER d’assurance bénéficie du régime propre à l’assurance vie, avec une fiscalité successorale souvent nettement plus douce. Le PER d’investissement, lui, est soumis aux droits de succession classiques, ce qui peut lourdement impacter les héritiers.
PER d’assurance ou PER d’investissement : que privilégier dans le contexte actuel 2025/2026 ?
Le contexte économique actuel est marqué par une normalisation des taux d’intérêt, une volatilité accrue des marchés et des incertitudes géopolitiques persistantes. Dans ce cadre, le PER d’assurance retrouve un certain attrait grâce au retour progressif de la performance des fonds en euros, tout en conservant ses atouts en matière de transmission et de gestion.
Le PER d’investissement, quant à lui, reste particulièrement performant pour les stratégies long terme orientées actions, notamment via les ETF. Il constitue un excellent outil pour les investisseurs autonomes qui souhaitent construire une allocation dynamique à moindres frais.
En pratique, la meilleure solution n’est pas toujours de choisir l’un contre l’autre mais parfois de combiner les deux. Il est tout à fait possible de détenir un PER d’assurance pour sécuriser une partie de son épargne et un PER d’investissement pour dynamiser la performance globale.
En résumé : l’arbitrage patrimonial ne doit pas être laissé au hasard
En 2025 et 2026, le choix entre PER d’assurance et PER d’investissement n’est pas un simple comparatif entre frais et rendements. C’est un véritable arbitrage patrimonial qui doit intégrer simultanément l’optimisation fiscale de vos versements, notamment si vous êtes dirigeant, la protection de votre conjoint et de vos héritiers via le régime successoral, l’accès aux meilleurs fonds en euros du marché ou aux supports actions les plus performants et l’anticipation précise de la fiscalité à la sortie.
Un mauvais choix de PER, une mauvaise allocation ou une clause bénéficiaire mal rédigée peuvent coûter très cher au moment de la retraite ou du décès. Ces erreurs sont malheureusement fréquentes lorsqu’on s’oriente seul vers une solution standardisée.
Le PER d’assurance reste l’outil de la sécurité juridique, de la gestion déléguée et de l’optimisation successorale. Le PER d’investissement s’adresse aux investisseurs autonomes, en quête de performance maximale et de frais réduits. Notre rôle, en tant que conseiller en gestion de patrimoine, est de vous aider à identifier la combinaison optimale entre ces deux leviers, en sélectionnant des contrats réellement compétitifs et adaptés à votre situation personnelle et professionnelle.
Avertissement
Le présent article est fourni à titre informatif et pédagogique uniquement et ne saurait en aucun cas être interprété comme un conseil juridique, fiscal ou d’investissement personnalisé.
Les montages patrimoniaux présentés sont complexes. Investir et entreprendre comportent des risques, notamment un risque de perte en capital. Il est recommandé de consulter un professionnel qualifié (CGP, Avocat, Expert-Comptable) pour une analyse personnalisée avant toute prise de décision.
